Information du : 16/10/2019

Nous le peuple

Jonathan Vaudey mène depuis des années un travail d'éducation populaire au sein de l'association Les Lucioles. C'est une de ces expériences d'atelier participatif que Claudine Bories et Patrice Chagnard restituent dans leur passionnant documentaire "Nous le peuple". Egalement assistant réalisateur sur le film, Jonathan Vaudey sera présent du 4 au 7 novembre pour raconter ce travail collectif où des lycéens, des femmes des quartiers défavorisés et des détenus se réapproprient la question politique en imaginant une nouvelle constitution.

Ils s’appellent Fanta, Joffrey, Soumeya... Ils sont en prison, au lycée, au travail. Ils ne se connaissent pas et communiquent par messages vidéo. Ils ont en commun le projet un peu fou d’écrire une nouvelle Constitution. Pendant près d’un an ils vont partager le bonheur et la difficulté de réfléchir ensemble. Ils vont redécouvrir le sens du mot politique. Ils vont imaginer d’autres règles du jeu. Cette aventure va les conduire jusqu’à l’Assemblée Nationale.

Nous le peuple a été tourné entre janvier et juillet 2018.A cette époque il était bien peu question en france d’une crise de la démocratie. La représentativité des élus, la place donnée au peuple dans les prises de décision politiques, ces questions que nous souhaitions aborder dans notre film n’intéressaient pas grand monde. Dans le même temps l’Assemblée nationale examinait la réforme de la constitution voulue par Emmanuel Macron. Quelques jours après la fin de notre tournage le gouvernement était contraint de suspendre l’examen de sa réforme constitutionnelle.et deux mois plus tard le mouvement des gilets jaunes commençait.

De façon totalement inattendue nous nous retrouvions avec notre propos en pleine actualité. Dès le départ nous avons voulu faire un film sur la crise de la démocratie. Un film concret. Mettre en scène celles et ceux qui ne votent pas. Chercher à comprendre pourquoi ils s’abstiennent. Est-ce seulement parce qu’ils n’ont plus confiance dans la parole des politiques? Parce qu’ils ne croient plus à rien? Parce qu’ils pensent qu’ils comptent pour rien ? Filmer les oubliés de la république qui à leur tour oublient la république...

Plus tard, lors de repérages au sein d’ateliers menés par l’association d’éducation populaire « Les Lucioles du Doc », nous avons trouvé les lieux et les personnages. nous avons trouvé un dispositif, une histoire et comment la raconter. Ce serait un film sur la parole, une parole retrouvée. Cette parole retrouvée, c’est la parole politique que nos personnages redécouvrent et qu’ils se réapproprient, à partir de laquelle ils vont pouvoir dire «nous» et ainsi se constituer en peuple. Pendant sept mois nous avons filmé les trois groupes qui composaient ces ateliers. Nous avons filmé celles et ceux qui s’attelaient à ce projet auquel ils n’étaient pas préparés et qui les dépassait totalement : réécrire la constitution française. Nous avons filmé la façon dont ils ont finalement réussi, en dépit de tous les obstacles, à rencontrer quelques députés de la commission des lois, ceux qui justement travaillent à la réforme constitutionnelle. Car l’autre propos du film c’est le rapport de ces citoyens avec les représentants de la république. Dès le départ leur but était de porter leurs propositions à la connaissance de la commission des lois. En intégrant au montage quelques séquences clefs de débats dans l’hémicycle, nous avons voulu mettre en scène le fossé qui les sépare des députés et donner ainsi tout son poids à leur rencontre finale.

- Les réalisateurs Claudine Bories et Patrice Chagnard

Un film subtil, intelligent, forcément triste, forcément beau. (Culturopoing)

Mieux qu’instructif, passionnant. (L'Humanité)

Un coup de force cinématographique qui donne enfin la part belle à la parole des gens ordinaires. Ni démagogique, ni contestataire, Nous le peuple est un appel magnifique à la démocratie. (aVoir-àLire)

Ce documentaire, au dispositif très subtil et au suspense démocratique (seront-ils reçus à l’Assemblée ?), donne à entendre la parole des oubliés de la République, qui s’essaient à l’exercice politique avec une rage toujours ajustée par la raison. (Jérôme Garcin, Le Nouvel Observateur)

Une plongée lumineuse au cœur du peuple. (Les Fiches du cinéma)

Un documentaire essentiel. (Ouest France)

Sans cynisme, les réalisateurs de Nous le peuple jouent sur ce suspense pour ajouter un arc narratif à leur documentaire. Quelle que soit l’issue donnée à leur demande (que les spectateurs découvrent à la fin du film), nous le public les avons entendus. (La Croix)

Par son travail sur le cadre et le montage , le film de Claudine Bories et Patrice Chagnard est vibrant, coloré, subtil. (La Septième Obsession)

Prophétique, le film tourné entre janvier et juillet 2018 l’est, mais au-delà de sa capacité à saisir des enjeux éminemment contemporains, de sa qualité de regard et d’écoute, c’est dans la galerie de personnages qu’il compose (bouleversante Fanta, pleine de colère et de tristesse) qu’il trouve sa plus vibrante émotion. (Les Inrockuptibles)

Un grand film sur la parole mais aussi le sentiment blessant d’une écoute impossible. Une oeuvre essentielle pour comprendre les tensions de la société française. (Première)

NOUS LE PEUPLE

Un film de Claudine Bories et Patrice Chagnard
France - 2019 - 1h39

Ont participé à ce film :
des hommes détenus à la maison d’arrêt de Fleury Mérogis, des femmes de l’association Femmes solidaires à Villeneuve Saint Georges, des lycéens de 1ère ES à Sarcelles, les députés Ugo Bernalicis et Danièle Obono,

Les ateliers d’écriture ont été conçus collectivement par l’association d’éducation populaire Les Lucioles du Doc. Ils sont animés par Léa Aurenty et Jonathan Vaudey accompagnés d’Ulysse Mathieu.

L'INVITE :
JONATHAN VAUDEY

Jonathan Vaudey est membre du collectif d'éducation populaire Les Lucioles du Doc qui mène des actions autour du cinéma documentaire, à travers sa diffusion et l’organisation d’ateliers de réalisation, de programmation ou d'éducation à l'image. Depuis sa création en 2014, le collectif se mobilise en Île-de-France auprès d’un large public, dans différents espaces (établissement scolaire, prison, maison de quartier, place publique, etc.) afin d'encourager à une meilleure prise en conscience du monde qui nous entoure et pour faire entendre des voix qu'on entend peu. Des mois de décembre 2017 à juin 2018, Jonathan Vaudey co-anime les ateliers présentés dans Nous le peuple, en plus d'être assistant réalisateur sur ce film. Il a par le passé assuré la coordination et la programmation du Festival international du film des droits de l'Homme (FIFDH) et co-réalisé les courts-métrages Portraits d'urgence, qui donnait la parole à des personnes touchées directement par des restrictions de liberté au moment de l'état d'urgence.

LES RENCONTRES