Information du : 01/05/2019
Les Yeux de la parole
Du 14 au 17 mai trois salles du réseau projetteront le documentaire Les Yeux de la parole en présence du co-réalisateur Jean-Marie Montangerand. Dans ce beau documentaire, des collégiens d'une banlieue d'Aix-en-Provence assistent à la création d'un opéra en arabe, écrit par un poète syrien en exil. Un film d'échange et de paroles qui résonnent bien au-delà de la cour d’école..
Des collégiens découvrent les fables de Kalîla wa Dimna, œuvre majeure du Moyen Orient qui a voyagé à travers les âges et les cultures, jusqu’en France où elles ont inspiré Jean de la Fontaine. Alors que les collégiens se confrontent à l’œuvre, un opéra en arabe adapté de Kalîla wa Dimna aura lieu au festival d'Aix-en-Provence cet été. Les enfants vont avoir l'occasion de voir un opéra pour la première fois de leur vie. Le film se déroule entre la salle de classe et la salle de répétition, où est à l’œuvre l’équipe artistique mêlant Palestiniens, Tunisiens, Marocains, Libanais et Turcs. À travers des fables anciennes en langue arabe destinées aux princes, comment l’Orient d’hier peut résonner dans le monde d’aujourd’hui ? Quels points de vue peuvent avoir des adolescents sur la situation en Syrie ou le phénomène migratoire ? Comment apprécier la poésie du monde lorsqu’on a 13 ans ?
Le Livre de Kalîla et Dimna est la traduction arabo-persane du plus ancien recueil de contes et de fables, le Pañchatantra, et il est une des œuvres les plus éminentes de la littérature arabe médiévale, bientôt transposée en castillan, ce qui lui a permis de toucher un public occidental. Ces histoires ont donc traversé les espaces et le temps, parce qu’en tant qu’exemples, elles conservent une valeur didactique dont les auteurs de cet opéra ont compris l’importance : Fady Jomar, journaliste et écrivain syrien, réfugié en Allemagne, auparavant emprisonné pour ses activités, a signé le livret et transposé les textes, se heurtant aux difficultés de la traduction d’une langue aussi riche d’images. Moneim Adwan, compositeur, né dans la bande de Gaza, a écrit la musique. Le spectacle a eu lieu au festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, en 2016.
Les yeux de la parole, ce sont les mots qui subsistent malgré la volonté de les faire taire, parce que le regard des gens les rend toujours aussi indispensables. On peut détruire le papier qui les contient, ces mots voyageront toujours par la langue qui les porte. Le documentaire se concentre à la fois sur les répétitions de cet opéra et sur les ateliers menés auprès d’une classe de collège, pour découvrir ces fables intemporelles qui inspirèrent Jean de La Fontaine. Une enseignante propose d’ailleurs de comparer un récit du poète Ibn-Al-Muqaffa, l’auteur de Kalîla wa Dimna, avec L’âne et le chien, vibrant éloge de l’entraide.
Lorsqu’ils sont en pause, les musiciens, palestiniens, libanais, turcs, marocains, tunisiens, racontent leurs origines dans une atmosphère sereine, détendue. Lorsqu’ils sont en salle informatique, les élèves découvrent que la bande de Gaza n’est pas en Algérie et prolongent leurs travail sur leurs smartphones, en surfant sur Facebook, à la recherche de renseignements sur les artistes du spectacle.
En ces temps de troubles et d’amalgames, amplifiés par les attentats qui ont frappé l’Europe depuis 2015, il s’agit bien de découvrir la langue et la culture arabes, ici véhiculées par un spectacle subtil et imagé. "Qui donc cache la vérité, sinon l’oppresseur de toujours ?", chante le narrateur. On ne peut pas dire que cette question ne soit pas d’actualité.
- à Voir-àlire
LES YEUX DE LA PAROLE
Un film de Jean-Marie Montangerand et David Daurier
France - 2018 - 1h19
L'INVITE :
JEAN-MARIE MONTANGERAND
Après une formation d’opérateur de prise de vue, Jean-Marie Montangerand s’oriente vers la réalisation de documentaires. Il tourne plusieurs films dont Le Périple jeune, Siciliens et Après l’été avec pour thème de prédilection le passage à l’âge adulte. En 2014, il entre en résidence à l’école documentaire de Lussas. Il est à l’origine des ateliers itinérants du Vidéobus crée en 2007.
LES RENCONTRES
- mardi 14 mai à 20h30
Cinéma La Rivière, Etel
jeu 16 à 20h30
Cinéma Ti Hanok, Auray
ven 17 à 20h30
Cinéma Les Korrigans, Guingamp