Information du : 19/09/2013
Les Printemps de Chris Marker
Troisième rendez vous de nos Cinés Ouverts avec une série de rencontres autour de Chris Marker.
«Marker c’est l’homme invisible en plus discret »... ces mots de Remo Forlani définissent à merveille ce cinéaste qui a pourtant profondément marqué le cinéma mondial pendant plus d’un demi siècle.
Littérature, photographie, politique, informatique, poésie, dessin... il n’est pas un domaine auquel il n’ait pas touché. Marker, c’est un continent à explorer et nous avons choisi deux guides pour entamer la découverte...
LES INTERVENANTS :
Pierre Camus : Débarque un 6 juin 1944, en bord de Loire, dans une famille (très aimante) de cheminots: il voyagera. Pas trop studieux.
S'inscruste à SLON. Cofonde ISKRA. Devient l'assistant de Chris Marker. 13 ans.
Mercenaire sondier chez Godard-Miéville, Mitterrand, Comolli, Abitbol et les autres.
Ose la retraite à 60 ans.
En voie de sédentarisation.
Bamchade Pourvali : Doctorant en cinéma, spécialiste de l'essai filmé. Il est auteur de Chris Marker (Cahiers du cinéma-CNDP, 2003), Godard neuf zéro, les films des années 90 de Jean-Luc Godard (Séguier-Archimbaud, 2006), Wong Kar-wai, la modernité d'un cinéaste asiatique (Amandier-Archimbaud, 2007).
Le Joli mai
Paris, mai 1962. Un printemps de paix, le premier depuis sept ans, la guerre d’Algérie vient de s’achever. Chris Marker dessine le portrait d’une société française qui hésite entre angoisse et espoir.
Quel temps fait-il à Paris, au printemps 1962 ? Un peu frais pour la saison. Les accords d'Evian marquent la fin de la guerre d'Algérie. Au cinéma, on joue L'Année dernière à Marienbad et Cléo de 5 à 7. Au fil des rencontres, le film de Chris Marker et de Pierre Lhomme bruisse de tous les sujets, des plus légers aux plus graves. On parle de politique et d'amour, de bonheur, de misère et de progrès. Six ans avant un mois de mai plus fameux, les réalisateurs arpentent les rues de la capitale, en quête de rencontres. Marchands, ouvriers, jeunes mariés, danseurs de twist et bougnats : les mots fusent et composent un beau portrait sociologique de la France gaullienne.
Cinquante ans plus tard, ce Joli Mai, repris en salles, ouvre une fenêtre lumineuse sur une société en pleine mutation, des mœurs à la technologie, des conditions de vie au temps de travail. Comme dit l'un des témoins, un ingénieur, « nos rêves sont trop courts pour ce qui existe déjà » : les ferments d'une révolution sont donc à venir, et les blessures, ouvertes. Certaines injustices ne changent pas : ici et maintenant, les vexations subies par un travailleur immigré semblent actuelles...
Le charme du film naît de cette balade en noir et blanc dans tous les décors de Paris, des plus augustes aux plus modestes. Cet itinéraire est une déclaration d'amour à la ville, que berce la voix du « guide » Yves Montand.
- Cécile Mury, Télérama
Le Fond de l'air est rouge
Du printemps des révolutions à leur crépuscule, cette fresque raconte par un savant jeu de montage d’images d’archives et de bandes sonores l’histoire de la gauche mondiale de 1967 à 1977.
De l’ébullition de 68 et des années qui suivirent, plus précisément de 1967 à 1977, Chris Marker a puisé dans des milliers de mètres de documents passionnants et composé une fresque extraordinaire, d’une intensité rare, d’une richesse à vous donner le vertige. Rythmées par ses propres commentaires se succèdent des archives incroyables de la guerre du Vietnam, de la mort du Che, du printemps de Prague, des festivités de Persépolis avec tous les grands de ce monde s’inclinant devant le Shah d’Iran, des jeux olympiques de Munich, du festival d’Avignon 1968, des portraits de tous ces personnages qui font partie de la légende du siècle : De Gaulle, Mao, Castro... Il monte, juxtapose, modèle, façonne une œuvre dont la subjectivité nous rend l’histoire plus présente et plus facile à cerner, à lier les événements les uns aux autres. Avec pertinence, avec impertinence, avec une lucidité qui cingle, une époque est restituée, celle-là même où s’esquissèrent de nombreuses tentatives pour changer l’ordre du monde. Vaines expériences révolutionnaires ? Le bilan n’est pas si simple, car « dans le déroulement même de ces échecs, des actes ont été posés, des paroles ont été dites, des forces sont apparues. D’où l’intérêt de refaire patiemment le chemin parcouru. »
Chris Marker nous montre aussi la beauté de l’insoumission, même si les révoltes ont été réprimées, noyées dans le sang et il nous dit non sans ironie : « On a tendance à croire que la 3e guerre mondiale commencera avec le lancer d’un missile nucléaire. Je pense plutôt qu’elle s’achèvera ainsi. D’ici là, continueront de se développer les figures d’un jeu compliqué dont le décryptage risque de donner du boulot aux historiens de l’avenir, s’il en reste ». Dans Le Fond de l’air est rouge, l’Histoire est décryptée pour ne pas enterrer le vécu, comme certains le souhaitent, mais surtout pour ne pas répéter indéfiniment les erreurs déjà commises. À la fin du film un déroulant précise : « les véritables auteurs de ce film sont les innombrables cameramen, preneurs de son, témoins et militants dont le travail s’oppose sans cesse à celui des pouvoirs, qui nous voudraient sans mémoire. »
- Gazette Utopia
LE JOLI MAI
Un film de Chris Marker et Pierre Lhomme
France - 1962 - 2h16
Version numérique restaurée
- A L'image, Plougastel Daoulas le samedi 12 à 17h00
Au Bretagne, St Renan le dimanche 13 à 20h30
LE FOND DE L'AIR EST ROUGE
Un film de Chris Marker
narrateur : Yves Montand
France - 1977 - 3h00
Version numérique restaurée
- Au Bretagne, St Renan le dimanche 13 à 15h00
Au Quai Dupleix, Quimper le lundi 14 à 19h45
Samedi 12
L'Image, Plougastel Daoulas
Projection du Joli mai à 17h00 suivie d'une rencontre avec Bamchade Pourvali
Dimanche 13
Le Bretagne, St Renan
Projection du Fond de l'air est rouge à 15h00 suivie d'une rencontre avec Pierre Camus et Bamchade Pourvali.
Projection du Joli Mai à 20h30 suivie d'une rencontre avec Bamchade Pourvali
Lundi 14
Le Quai Dupleix, Quimper
Projection du Fond de l'air est rouge à 19h45 suivie d'une rencontre avec Pierre Camus