Information du : 18/07/2021

Indes galantes : palabres et danse avec Feroz et Cyborg

En 2017 Clément Cogitore accepte la proposition de monter Les Indes Galantes à l’Opéra de Paris et invite 30 danseurs de hip-hop, krump, break et voguing à réinventer la pièce de Rameau. Le réalisateur Philippe Béziat a suivi cette aventure hors-norme qui fait se rencontrer culture urbaine et chant lyrique. Le résultat : Indes galantes, un documentaire passionnant qui nous fait pénétrer dans les coulisses de la création. Nous vous proposons de poursuivre encore plus loin le voyage avec Féroz et Cyborg, deux des danseurs du spectacle. Ils seront présents du 12 au 18 octobre dans sept salles du réseau pour évoquer ce projet, leur art et proposer des performances et des ateliers.

C’est une première pour 30 danseurs de hip-hop, krump, break, voguing... Une première pour le metteur en scène Clément Cogitore et pour la chorégraphe Bintou Dembélé. Et une première pour l’Opéra de Paris. En faisant dialoguer danse urbaine et chant lyrique, ils réinventent ensemble le chef-d’œuvre baroque de Jean-Philippe Rameau, Les Indes Galantes. Des répétitions aux représentations publiques, c’est une aventure humaine et une rencontre aux enjeux politiques que nous suivons : une nouvelle génération d’artistes peut-elle aujourd’hui prendre la Bastille ?

Cette aventure commence il y a trois ans, au moment où Clément Cogitore accepte la proposition de monter Les Indes Galantes à l’Opéra de Paris. Presque tout de suite naît le projet d’un film documentaire qui suivra cette mise en scène. Qu’est-ce qui à l’époque vous enthousiasme dans cette aventure ?

D’abord l’idée de faire un film musical qui ne parle pas que de musique. Je fais depuis toujours des films musicaux, des films sur la musique, c’est-à-dire que la musique est pour moi la matière d’un travail cinématographique. Il y a des réalisateurs qui adaptent des romans, moi j’adapte des œuvres musicales. Et même si ça peut paraître étrange, je ne les adapte pas sous forme de fictions : ce qui m’intéresse, c’est de montrer des artistes au travail et de faire des liens entre les œuvres et la vie. Quand j’échange pour la première fois avec Clément Cogitore, je suis frappé par la netteté de ses axiomes et de son dispositif, qui relèvent pour moi d’une proposition d’artiste contemporain, plus encore que de metteur en scène au sens classique – cela dans un endroit plutôt conservateur, l’Opéra de Paris. Évidemment, tout de suite ça me passionne. Et presque tout de suite aussi, je sens que le groupe de danseurs qu’il va inviter sur le plateau sera au coeur de l’expérience. Que la matière du film documentaire se trouvera là : dans le regard que ces danseurs vont porter sur l’institution. Dans la façon dont ils vont l’aborder, la vivre, la traverser.

Ce choix de tout raconter à travers le regard des danseurs s’impose d’emblée ?

Presque. Le regard des danseurs est le fil conducteur, l’axe du film. Au tout début, avec Philippe Martin, mon producteur, nous étions assez fascinés par la puissance de Clément Cogitore, à la fois plasticien, cinéaste, photographe, sa manière de réussir tout ce qu’il entreprenait, de façon très humaine et très fine. Il y aurait pu y avoir un film sur le côté démiurgique de l’acte de création. Mais pour moi, le grand geste de Clément, c’est d’amener sur ce plateau des gens qui n’y ont jamais été invités, et de leur faire jouer quelque chose qui se rapproche de leur propre rôle. C’est-à-dire de les placer non pas dans un rôle d’interprètes censés entrer dans un costume qui les cachera, mais au contraire de les faire jouer à vue, de mettre en situation une authenticité qui rendra visible leur énergie, leur identité, leur personne, leur éventuelle résistance à l’institution. Le contraire en somme d’un metteur en scène qui n’aurait qu’une vision et qui demanderait à tout le monde de s’y plier.

- extraits du dossier de presse

" Le plus beau, dans ce long métrage galvanisant, c’est la fusion qui s’opère sous nos yeux entre les danseurs de popping, de flexing, de voguing… et les chanteurs lyriques. " (Télérama)

" Ce film permet aussi de découvrir la démesure de la genèse d'un opéra à Bastille. Enfin, il permet de voir l'intimité de la magie de la création. Passionnant. " (Ouest France)

" Bien plus qu’un making of, une œuvre politique revigorante sur l’importance du geste artistique et de la diversité dans la vie de la cité. " (Le Nouvel Obs)

" Une immersion fascinante au cœur d’un projet puissant. " (Les Fiches du cinéma)

INDES GALANTES

Un film de Philippe Béziat
France 2020 - 1h48

Les Invités

"Je m’appelle Féroz Sahoulamide. Je suis danseur, français, indien, vietnamien, musulman, je suis né en Afrique à Djibouti, j’ai grandi aux Antilles puis en France. Pour citer la chercheuse Maboula Soumahoro, j’aime dire que je suis ici et maintenant. Ma danse est apatride. Le hip hop a été mon port de départ mais je voyage depuis trop longtemps pour continuer à employer ce mot. Ma gestuelle s’est façonnée au gré des rencontres. Je suis en mouvement, en déplacement. Partout et nulle part, je suis chez moi."

Alexandre Moreau - aka Cyborg - pratique d’abord le Hip Hop. Il découvre dans le film Steppin’ le Krump, qu’il pratique ensuite avec Wolf, Tight Eyez (créateur du Krump). Il participe à des Battles et remporte des compétitions internationales, notamment le KOB Germany qui le qualifie pour une finale au Japon. Il participe au film Climax de Gaspard Noé et au court-métrage Buck d’Anne Cissé.

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