Information du : 15/01/2020

Histoire d'un regard

Après avoir accompagné dans les salles du réseau Histoire d'un secret, Entre nos mains, A ciel ouvert et L'Assemblée, Mariana Otero nous fait le plaisir de revenir avec son nouveau film Histoire d'un regard, plongée dans la vie et l'oeuvre du célèbre photojournaliste Gilles Caron disparu soudainement au Cambodge il y a trente ans.

Gilles Caron, alors qu’il est au sommet d’une carrière de photojournaliste fulgurante, disparaît brutalement au Cambodge en 1970. Il a tout juste 30 ans. En l’espace de six ans, il a été l’un des
témoins majeurs de son époque, couvrant pour les plus grands magazines la guerre des Six Jours, mai 68, le conflit nord-irlandais ou encore la guerre du Vietnam.

Lorsque la réalisatrice Mariana Otero découvre le travail de Gilles Caron, une photographie attire son attention qui fait écho avec sa propre histoire, la disparition d’un être cher qui ne laisse derrière lui que des images à déchiffrer. Elle se plonge alors dans les 100 000 clichés du photoreporter pour lui redonner une présence et raconter l’histoire de son regard si singulier.

"Un jour, alors que je finissais le montage de mon film À ciel ouvert (2013), le scénariste Jérôme Tonnerre m’a fait parvenir un livre, la biographie d’un photographe. En le feuilletant, j’ai découvert de magnifiques photographies dont quelques-unes m’étaient familières mais, étrangement, je ne connaissais pas le nom de celui qui les avait faites : Gilles Caron.

Et puis je suis tombée sur les dernières pages du livre. Elles relatent la disparition soudaine de Gilles Caron au Cambodge en 1970. On y voit son dernier rouleau de photos, des adolescents cambodgiens, sourire aux lèvres, revêtant l’uniforme pour aller à la guerre. Entremêlées à ces images de reportage, deux petites filles en bonnet dans un jardin en hiver, ses deux filles Marjolaine et Clémentine. J’étais saisie. Je retrouvais comme en miroir, les dessins que ma mère peintre, Clotilde Vautier, avait faits de ma sœur et de moi-même enfants, peu avant sa mort en 1968 alors qu’elle aussi avait à peine trente ans. Ces photos, cet écho étaient comme un appel, une invitation à faire un film."

"J’ai alors voulu rencontrer la femme et les filles de Gilles Caron pour savoir comment elles avaient vécu cette disparition et si des recherches avaient été entreprises et avaient ouvert des pistes. Suite à nos longues discussions, j’ai compris qu’il serait inutile de vouloir enquêter une fois encore au Cambodge et que ce n’était pas de ce côté que le film pourrait aller.

Et puis, très vite la famille a accepté de mettre à ma disposition sous leur forme numérique les 100 000 photos prises par Caron au cours de sa fulgurante carrière.Face à cette quantité gigantesque d’images, j’ai commencé par m’intéresser au reportage d’où est issue la célèbre photo représentant Cohn-Bendit face à un policier en 1968. Je voulais comprendre et reconstituer le trajet de Caron dans les quelques mètres carrés qu’il avait arpentés ce jour-là. C’est à ce moment-là, pendant le temps de cette recherche, alors que j’avais l’impression d’accompagner le photographe derrière son épaule que le désir du film est devenu évident, impérieux.

Déchiffrer des images pour révéler au travers d’elles la présence de celui ou de celle qui les avait faites, était une démarche que j’avais déjà explorée dans le film sur ma mère Histoire d’un secret (2003). Ce nouveau film Histoire d’un regard est né de ce même désir : faire revivre un artiste à partir des images qu’il laisse et exclusivement à partir d’elles."

- Mariana Otero

"Un hommage bouleversant au photographe reporter Gilles Caron, qui dit autant du processus atemporel de création par l’image que d’une histoire du monde, qui se répète malheureusement dans les massacres et la stupidité guerrière. " à voir-à lire

"La documentariste non seulement réussit l'analyse du travail exceptionnel de Gilles Caron, mais signe aussi un véritable film de cinéma par sa beauté graphique, qui se distingue de nombre de documentaires dont une seule diffusion à la télévision suffirait. " Culturebox - France télévision

"Mariana Otero signe avec "Histoire d'un regard" un film vibrant sur les images du reporter disparu Gilles Caron. Elle renoue, en une manière de diptyque, avec son premier documentaire, Histoire d'un secret. Bouleversant. " Bande à part

"Film magnifique et bouleversant, vibrant tombeau brodé de silence, au montage somptueux de délicatesse, cette Histoire d’un regard mêle celui, perdu, de Gilles Caron et celui, si intense, de Mariana Otero, au long d’un monologue de murmure ému. " La Croix

" Par un beau travail de voix off, la réalisatrice retrace les enjeux et le déroulement des situations, en partant toujours des images, de ce qu’elles montrent, de ce qu’elles oblitèrent. " Le Monde

"Mariana Otero travaille l’œuvre de G. Caron, photojournaliste disparu en 1970, à même son deuil personnel, s’accaparant d’une façon bouleversante l’essence des photographies pour offrir un développement de soi- même - et faire de ces images des ressacs familiaux. " les Fiches du cinéma

" Un documentaire d’une puissance émotionnelle rare. " Les Inrockuptibles

HISTOIRE D'UN REGARD
A la recherche de Gilles Caron

Un film de Mariana Otero
France - 2019 - 1h33
Soutien AFCAE Action Promotion

L'INVITEE :
MARIANA OTERO

Née en 1963, Mariana Otero, après des études de cinéma à l’IDHEC, se passionne pour le documentaire. Elle réalise plusieurs films pour Arte dont Non-Lieux et La loi du collège qui est le premier feuilleton documentaire de la chaîne.

Elle se tourne vers le cinéma avec Histoire d’un secret. Ce film, au terme d’une enquête sur un secret de famille, révèle un tabou politique et social. Il sera primé dans de nombreux festivals internationaux.

En 2010, elle réalise Entre nos mains qui raconte comment des salariées découvrent une nouvelle liberté en essayant de transformer leur entreprise en coopérative. Ce film sera nommé aux Césars du Meilleur Documentaire en 2011.

En 2013, elle réalise A ciel ouvert un film qui permet de comprendre la vision singulière du monde d’enfants psychiquement et socialement en difficulté.

En 2016/17, elle réalise L’Assemblée, un film tourné pendant Nuit debout, qui montre comment les gens sur la place de la République à Paris s’essayent à la réinvention de la démocratie.

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