Information du : 19/07/2021

Cycle répertoire " Comédies !"

« La comédie est un genre à part en ce qu’il dicte le style de la mise en scène, de façon bien plus stricte et exigeante que tout autre genre ». Pour ce premier cycle de la saison répertoire Cinéphare 2021/2022, nous nous proposons de décliner cette citation de Woody Allen, avec quatre comédies d’origines, de tons et de styles très différents : Qui chante là-bas ?, road-movie yougoslave, picaresque et truculent qui annonce le cinéma de Kusturica ; Le Festin chinois, comédie culinaire concoctée par Tsui Hark, le maître du cinéma d’art-martiaux hongkongais ; Une vie difficile de Dino Risi avec Alberto Sordi, soit deux figures tutélaires de la comédie à l’italienne ; et enfin Les Habitants, chef d’oeuvre d’humour froid et grinçant signé du néerlandais Alex Van Warmerdam.

QUI CHANTE LA-BAS ?

Un film de Slobodan Šijan
Yougoslavie – 1980 – 1h24

En 1996, le Conseil Yougoslave de l’Académie des Sciences et des Arts (AFUN) délivra sa liste des meilleurs films yougoslaves réalisés entre 1947 et 1995. Qui décrocha le trophée ? Une première réalisation de cinéma, tournée par un metteur en scène jusqu’alors habitué à travailler pour la télévision. Un film qui, malgré quelques sélections en festival et un succès important dans son pays d’origine, n’avait à sa sortie que peu attiré l’attention des observateurs mondiaux. Un road-movie assez linéaire, centré sur un petit nombre de personnages et d’apparence résolument modeste. Un film, donc, qui sans ce type de récompenses honorifiques ou la persévérance de certains distributeurs résolus, échapperait sans aucun doute à une quelconque postérité. Le film se nomme Qui chante là-bas ? et a été tourné en 1979 par Slobodan Šijan.

En première lecture, Qui chante là-bas ? peut être décrit comme un road-movie en autocar, ce qui pourrait presque constituer un sous-genre cinématographique en soi : des personnages issus de classes sociales ou de générations différentes, qui ne se connaissent pas, sont contraints de partager, le temps d’un trajet et de ses péripéties, l’habitacle inconfortable d’un bus devant les mener à une destination commune. Du Japon (Monsieur Merci d’Hiroshimi Shimizu - 1936) au Mexique (La Montée au ciel de Luis Buñuel - 1951), de l’Italie (Quatre pas dans les nuages d’Alessandro Blasetti - 1942) au Liban (Bosta l’autobus de Philippe Aractingi - 2005), en tout pays et à toute époque, le principe a servi pour des films dont la vocation était souvent, en utilisant des personnages antagonistes bien typés, d’inviter à surmonter les différences afin - pour le dire vite - de réapprendre la vie en communauté, l’entraide ou la tolérance.

Dans Qui chante là-bas ?, les personnages sont fortement caractérisés et il y a bien un moment fugace de communion - presque forcée - vers la fin du film, au bord de la rivière, mais contrairement à ce que pouvaient suggérer, dès leurs titres, les films de Buñuel ou de Blasetti cités précédemment, il n’y pas d’élévation, encore moins d’ascension, pour les différents protagonistes. A la fin du trajet, on pourrait presque dire qu’ils en sont au même point qu’à leur début - mais la réalité est que, sans rien dévoiler, leur situation est même bien pire. Si le film revêt donc volontiers les atours de la comédie outrancière, il tient en réalité de la tragicomédie grotesque, de laquelle ressortent surtout une profonde mélancolie et un sens absolu de l’absurdité.

- Antoine Royer, DVDClassik

LE FESTIN CHINOIS

Un film de Tsui Hark
Hong-Kong – 1995 – 1h40
avec Leslie Cheung, Anita Yuen et Kenny Bee

Film de commande à destination des fêtes de fin d’années, coincé entre Il était une fois en Chine V et The Blade, réalisé après le mythique The Lovers, Le Festin chinois fait partie de ces films réalisés par Tsui Hark pour renflouer les caisses mises à mal par ses productions les plus radicales. Si le film se rapproche bien évidemment plus de l’inoffensif Love in the Time of Twilight que de la déconstruction du Wu Xia Pian à l’œuvre dans The Blade - sommet du maître qui pulvérisait les codes du genre et fracassait une certaine forme d’immobilisme qui guettait le réalisateur avec le 5ème opus de Wong Fei-hung - il n’en demeure pas moins une petite réussite particulièrement réjouissante.

Assumant pleinement son statut de pochade sans prétention, récréation artistique entre des œuvres plus personnelles, Tsui Hark évacue toute tentative auteurisante ou expérimentale et se contente d’inviter le spectateur à un banquet où les mets vont se succéder à une cadence infernale, tout le talent du réalisateur consistant à lui éviter l’indigestion : gangsters, chansons (l’hilarante scène de massacre au karaoké du Boléro de Ravel, ou du Carmen de Bizet je ne sais plus), bagarres et trompe d’éléphant, course poursuite à moto et scène de ménage, hirondelles confites et romance, philosophie zen et cervelle de singe…

Le film est également une manière pour Tsui Hark de se reposer du film du Wu Xia en en faisant un décalque réjouissant : il y a deux clans, maître Wong contre maître Han, deux troupes de combattants, deux écoles, un grand maître retiré qu’il faut retrouver et amener à combattre (mais nulle retraite bouddhiste, juste un vieil homme qui oublie sa fiancée dans l’alcool), l’entraînement des combattants qui doivent attiser leurs cinq sens, des épreuves, et un duel final autour des 108 plats à préparer, comme autant de coups fatals à porter à l’adversaire. Tsui Hark filme tout logiquement les préparatifs des plats comme des joutes martiales, et on retrouve la même virtuosité qui est à l’œuvre quand il met en scène Jet Li dans les chorégraphies hallucinantes de Yuen Woo-ping. Le Festin chinois est enfin l’occasion de retrouver Leslie Cheung, trop tôt disparu, en compagnie de la délurée Anita Yuen.

UNE VIE DIFFICILE

Un film de Dino Risi
Italie – 1961 – 1h58
avec Alberto Sordi, Lea Massari et Franco Fabrizi

Durant un court laps de temps, le cinéma de Dino Risi enregistra, avec une candeur béate, les transformations de la société italienne de la fin des années 1950. Ce fut la comédie Pauvres mais beaux (1957) et ses deux suites, Belles mais pauvres (1957) et Pauvres millionnaires (1959). Mais très vite, alors que le pays se précipitait violemment et aveuglément dans une modernité prospère et consumériste, l’auteur des Monstres (1963), exprima dans son cinéma toute une perplexité navrée et sarcastique, une vision d’une lucide férocité.

La comédie « à l’italienne », dont Une vie difficile, en 1961, et Le Fanfaron, l’année suivante, pourraient constituer les titres fondateurs, sera une manière cruelle pour le cinéaste d’observer ses contemporains et de retourner les euphoriques illusions dominantes d’alors. C’est un genre qui interroge la notion même de « comédie », tant le rire s’y trouve régulièrement étranglé par le surgissement d’une réalité qui est, finalement, tout sauf drôle. Dans les films de Dino Risi, le rire est souvent dialectique, fondé sur l’opposition de contraires qui ne s’annulent pas mais s’opposent confusément, voire se nourrissent les uns des autres. Ainsi l’intégrité de Magnozzi est elle tempérée par une maladresse sociale permettant au génie d’Alberto Sordi de se déployer, l’ambition dénuée de sens moral de son épouse (LeaMassari) expliquée par une volonté légitime de dépasser sa condition.

Une vie difficile montre que le prix à payer pour la modernisation économique et sociale de l’Italie est astronomique. C’est celui des concessions, des compromis, de la corruption des esprits et de la soumission. Ivre et enragé, le malheureux héros du film, expulsé de la boîte de nuit où il a revu sa femme, dont il est séparé, au bras d’un homme riche, déambule en titubant, au petit matin, en crachant sur les voitures de luxe et les cars de touristes allemands, hurlant à qui veut l’entendre que l’Italie est un pays pourri. C’est hilarant et atroce en même temps. Bouffonnerie et drame tout à la fois, le film de Dino Risi échappait alors aux catégories existantes pour en inventer une, et surtout exprimer, avec une réjouissante trivialité, un sentiment et une aangoisse face à l’évolution d el’Italie, que partageront et exprimeront alors, avec diverses nuances, de nombreux intellectuels et artistes italiens, de Federico Fellini à Alberto Moravia, en passant par Pier Paolo Pasolini.

- Jean-François Rauger, le Monde

LES HABITANTS

Un film de Alex Van Warmerdam
Pays-Bas – 1992 – 1h50

Un studio de photos : un couple et un enfant posent. Le photographe interrompt la séance pour demander au mari d’être plus souriant, plus confiant... L'homme s’interroge : « Plus confiant en quoi ? » Le photographe de répondre : « En l’avenir, bien entendu. » Le mari sourit, le cliché est pris. Quelques temps plus tard, la photo sert pour une campagne de publicité immobilière, annonçant « Ici, en 1958, plus de 2 000 logements. » Au milieu des travaux, une barre d’une petite vingtaine d’habitations a émergé. Un panneau annonce : « Eté 1960. » Des fleurs ont poussé dans la bétonnière.

Cette introduction, drôle et désabusée à la fois, donne le ton des Habitants, film qui ne manque ni d’élégance ni de mordant pour décrire la vie de cette petite communauté un peu abandonnée par le monde. D’une part, et en écho à l’échange entre le mari et le photographe, le film n’aura de cesse de renvoyer l’homme à ses illusions, à ses fantasmes et à son attente naïve d’un mieux qui n’arrive jamais vraiment. De l’autre, il s’ancrera dans l’atmosphère si particulière de son cadre, composé d’une ville inachevée et d’une forêt artificielle, quelque chose comme un laboratoire à ciel ouvert où se débat l’humanité la plus médiocre.

Heureusement, il y a également dans Les Habitants une sorte de soupape vers le merveilleux à travers l’étonnante forêt qui jouxte le village inachevé. Toujours obscure même quand il fait grand jour dehors, mais habitée d’une lumière de conte de fées même lorsque c’est nuit noire, la forêt semble en partie dissociée du village, et les choses ne s’y déroulent pas tout à fait de la même manière. C’est un havre pour celui qui cherche l’intimité ; c’est un refuge pour celui qui est poursuivi ; c’est l’endroit de la revanche pour celui qui est harcelé (1) ; et c’est le foyer de la fascinante Agnes, sorte de créature fantastique qui guide Thomas vers son âge adulte. Malheureusement, la forêt sera à son tour gagnée par la violence des hommes, et Thomas la quittera elle aussi, en lui tournant une dernière fois le dos.

Reposant sur une galerie de personnages excentriques et assez peu attachants, extrêmement économe en mot, très stylisé - à la limite de la préciosité - dans sa direction artistique comme dans sa narration un peu abstraite, rythmé sur un tempo plutôt lent mais composé d’une succession de petits morceaux de bravoure, et habillé d’une bande-son qui n’épargne ni les silences dérangeants ni les dissonances, Les Habitants pourra désarçonner, et il sera aisé aux déçus de l’évacuer du revers d’une expression péjorative du type "cinéma poseur" ou "arty". Il aura toutefois, à sa manière et aux côtés, par exemple, d’un Aki Kaurismaki, contribué aux débuts des années 90 à l’émergence d’un courant du cinéma nord-européen, habité par un véritable regard sur le monde et une volonté constante de composer des images fortes et insolites. A cet égard, il mérite indéniablement la (re)découverte.

- Antoine Royer, DVDClassik

SAISON REPERTOIRE CINEPHARE 2021/2022

Gourin, Le Jeanne d’Arc
sem du 01 sept

Plougonvelin, Le Dauphin
01 sept

Saint Brieuc, Le Club 6
avec Les Fondus déchaînés
02 sept

Carhaix, Le Grand Bleu
04 sept

Saint Malo, Le Vauban
sem du 8 sept

Moëlan sur Mer, Le Kerfany
14 sept

Questembert, L’Iris
19 et 21 sept

Huelgoat, Arthus Ciné
22 et 28 sept

Etel, Cinéma la Rivière
en octobre

Quimperlé, La Bobine
avec Chlorofilm
11 oct

Guéméné sur Scorff, Ciné Roch
14 oct

Belle île, Le Rex
sem du 27 oct

Le Faouet, Cinéma Ellé
13 décembre

Callac, Cinéma Argoat
à dater

Carantec, l’Etoile
à dater

Douarnenez, Le Club
à dater

Groix, Cinéma des Familles
à dater

Loudéac, Le Quai des images
à dater

Morlaix, La Salamandre
à dater

Penmarc’h, L’Eckmühl
à dater

Plestin les grèves, Le Douron
à dater

Plougastel Daoulas, L’Image
à dater

Saint Renan, Le Bretagne
à dater

Carhaix, Le Grand Bleu
9 sept

Guéméné sur Scorff, Ciné Roch
9 sept

Saint Brieuc, Le Club 6
avec les Fondus déchaînés
4 oct

Plougonvelin, Le Dauphin
5 oct

Gourin, Le Jeanne d’Arc
sem du 6 oct

Nivillac, La Couronne
7 et 10 oct

Moëlan sur Mer, Le Kerfany
12 oct

Saint Malo, Le Vauban
sem du 13 oct

Huelgoat, Arthus Ciné
13 et 18 oct

Questembert, L’Iris
17 et 19 oct

Cinéma La Rivière Etel
en novembre

Quimperlé, La Bobine
avec Chlorofilm
9 déc

Douarnenez, Le Club
à dater

Groix, Cinéma des Familles
à dater

Loudéac, Le Quai des images
à dater

Morlaix, La Salamandre
à dater

Penmarc’h, L’Eckmühl
à dater

Plestin les grèves, Le Douron
à dater

Plougastel Daoulas, L’Image
à dater

Etel, Cinéma La Rivière
en septembre

Callac, Cinéma Argoat
24 octobre

Plougonvelin, Le Dauphin
2 nov

Carhaix, Le Grand Bleu
6 nov

Moëlan sur Mer, Le Kerfany
9 nov

Saint Malo, Le Vauban
sem du 10 nov

Gourin, Le Jeanne d’Arc
sem du 10 nov

Questembert, L’Iris
14 et 16 nov

Guéméné sur Scorff, Ciné Roch
18 nov

Saint Brieuc, Le Club 6
avec les Fondus déchaînés
30 nov

Quimperlé, La Bobine
16 nov

Belle île, Le Rex
sem du 17 nov

Le Faouet, Cinéma Ellé
22 novembre

Huelgoat, Arthus Ciné
24 et 29 novembre

Carantec, l’Etoile
à dater

Douarnenez, Le Club
à dater

Groix, Cinéma des Familles
à dater

Loudéac, Le Quai des images
à dater

Morlaix, La Salamandre
à dater

Penmarc’h, L’Eckmühl
à dater

Plestin les grèves, Le Douron
à dater

Plougastel Daoulas, L’Image
à dater

Quimperlé, La Bobine
avec Chlorofilm
16 sept

Callac, Cinéma Argoat
24 octobre

Gourin, Le Jeanne d’Arc
sem du 2 déc

Carhaix, Le Grand Bleu
4 déc

Guéméné sur Scorff, Ciné Roch
9 déc

Moëlan sur Mer, Le Kerfany
14 déc

Saint Brieuc, Le Club 6
avec les Fondus déchaînés
15 déc

Saint Malo, Le Vauban
sem du 8 déc

Plougonvelin, Le Dauphin
7 déc

Huelgoat, Arthus Ciné
8 et 12 décembre

Questembert, L’Iris
12 et 14 dec

Etel, Cinéma la Rivière
en décembre

Douarnenez, Le Club
à dater

Groix, Cinéma des Familles
à dater

Loudéac, Le Quai des images
à dater

Morlaix, La Salamandre
à dater

Nivillac, La Couronne
à dater

Penmarc’h, L’Eckmühl
à dater

Plestin les grèves, Le Douron
à dater

Plougastel Daoulas, L’Image
à dater

En partenariat avec